24 septembre 2012

1917-2011, d'un totalitarisme à l'autre

L’ouverture du département des Arts de l’Islam au Louvre coïncide avec de nouvelles bouffées de violence dans le «dar-es-islam» (la communauté musulmane), du Maroc à l’Indonésie en passant par certaines banlieues françaises...

D’un côté la bourgeoisie française est invitée à découvrir le raffinement des anciennes civilisations islamiques, de l’autre, les masses populaires musulmanes, travaillées en sous-main par des militants  déterminés, prennent prétexte d’une vidéo provocatrice diffusée sur internet pour défier l’Occident.

Les chevaux de Dieu, film de Nabil Ayouch (2012)

Avec un film projeté en avant-première à l’Institut du Monde Arabe (Paris) ce 21 septembre, le cinéaste franco-marocain Nabil Ayouch fait litière des explications convenues sur la violence terroriste.

« Non, ce n’est pas la misère qui entraîne des jeunes au suicide, » dit-il avec force, mais leur embrigadement par des groupes de type sectaire.

Son film Les chevaux de Dieu - sur les écrans en 2013 - suit une une poignée de garçons, dans un bidonville de Casablanca.  Il montre comment ils sont pris en main par une section islamiste et conduits à commettre un attentat-suicide après qu’ils aient été éprouvés et fragilisés par un accident de la vie (prison pour trafic de drogue, meurtre en légitime défense, violences sexuelles).

« La corde pour les pendre »

Les Arts de l'Islam au musée du Louvre (photo : André Larané, Herodote.net)La belle réalisation du Louvre et les sordides méfaits islamistes de Benghazi et Tunis ont au moins un point commun : leur financement, qui provient en tout ou partie des « royalties » du pétrole.

Les Arts de l’Islam ont été financés pour moitié environ par des rois et émirs intéressés à promouvoir l’image de l’islam dans les élites occidentales.

Certains de ces généreux donateurs financent également les groupes islamistes, lesquels perdraient sans ce financement une grande partie de leur pouvoir de nuisance.

Des Séoudiens proches du régime ont financé al-Qaida et les attentats du 11-Septembre ainsi que l’ont montré les enquêteurs américains. Aujourd’hui, le Qatar leur fait concurrence en finançant massivement la propagande et la logistique islamistes.

Dans le même temps, le petit émirat place ses pions dans l’économie européenne en prenant des participations dans des entreprises stratégiques comme Total. Il s’attire aussi, à coup de dollars, les bonnes grâces des dirigeants occidentaux.

Comme si cela ne suffisait pas, ces derniers lui octroient des privilèges fiscaux et donnent leur bénédiction à ses interventions dans les « banlieues sensibles ».

« Les capitalistes nous vendront la corde pour les pendre », disait Lénine. Cela fut en partie vrai dans le cas des bolchéviques (première appellation des communistes russes). Ça l’est bien davantage pour les islamistes, lesquels ont tout lieu de se réjouir que les Occidentaux soient si peu regardants sur l’emploi qui est fait dans la péninsule arabique des revenus du pétrole.

Le parallèle entre l’islamisme et le bolchévisme ne s’arrête pas là…

Le communisme du XXIe siècle ?

Le « printemps arabe » de 2011 en rappelle de plus en plus un autre : le « printemps russe » de 1917. Après avoir pacifiquement renversé un régime autocratique usé, l’un comme l’autre n’ont pas résisté aux premiers frimas.

La Révolution de Février avait pacifiquement renversé le tsar et débouché sur une démocratie exemplaire mais fragile. Une poignée d’activistes déterminés avait pu la renverser dès le 6 novembre 1917. Il en avait résulté le premier régime totalitaire du XXe siècle et une idéologie criminelle responsable de plusieurs dizaines de millions de morts violentes.

Il est encore un peu trop tôt pour juger de l’avenir des révolutions arabes (Tunisie, Libye, Égypte, Yémen) mais les derniers scrutins et les émeutes récentes n’augurent rien de bon.

Les partis islamistes, forts d’un projet mobilisateur et cohérent, sont portés par une « avant-garde » peu nombreuse mais bien formée et convaincue d'être portée par le vent de l'Histoire, comme avant eux les bolchéviques russes.

Face à eux, les laïcs et les démocrates pro-occidentaux peinent à proposer une alternative plausible, hormis un libéralisme débridé. La crise profonde dans laquelle est plongée l'Europe en ce début du IIIe millénaire - démographique, économique et politique (discrédit de la démocratie représentative) - ne leur facilite pas la tâche.

Nous n’en sommes plus aux années 1960 où le modèle occidental faisait rêver les élites et la jeunesse du tiers monde, soit dans sa version capitaliste, soit dans sa version soviétique. N’ayant plus rien à attendre ni à craindre d’un Vieux Continent asthénique, les masses déboussolées des bidonvilles se prennent à rêver d’une revanche historique et d’un retour à l’Âge d’Or mythique de l’islam, tel que le leur promettent les islamistes.

Face à ces enjeux géopolitiques, dans lesquels la foi religieuse apparaît comme une simple arme rhétorique, nos débats sur la liberté d’expression et le droit au blasphème apparaissent dérisoires, sinon risibles…

Joseph Savès
Publié ou mis à jour le : 2019-06-09 08:41:18

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